INVEST COVID: Faut-il fuir les centres pour hébergement des personnes âgées?
Dernière mise à jour : 13 sept. 2021
Conditions dans les centres d’hébergement en covid 19
Depuis la pandémie de Covid 19, on a découvert qu'à bien des égards la situation dans les centres d'hébergement pour personnes âgées présentait bien des défis sur le plan humain et des soins et traitement apportés à ces personnes et que les résultats n'étaient pas toujours à la hauteur des attentes. Des personnes aînées négligées et quelques fois laissées à elles-mêmes au personnel mal ou sous payé, l'image des centres pour personnes âgées a pris un coup et la réputation de certains acteurs a été gravement entachée. Une réflexion profonde a été entamée par les divers intervenants tant sur les conditions de travail que sur la politique mise en place pour prendre soin des personnes âgées. Face à l’indignation suscitée par les images et les témoignages des uns et des autres autour de la situation des personnes âgées, on peut se demander s’il est encore opportun d’investir dans la construction ou l’acquisition des centres d’hébergement pour personnes âgées. La question est encore plus pertinente dans notre contexte social dominé par la Covid 19. Pourtant comme nous allons le voir ce constat contraste avec les chiffres et les projetions sur l’avenir des maisons pour personnes aînées car non seulement dans biens des villes au Québec les places ne suffisent pas mais il faudrait mettre en place un véritable plan d’investissement et de déploiement afin de répondre à la demande qui ira sans cesse en croissance. En fait, l’analyse de l’ensemble des informations et des chiffres sur les maisons d’hébergement de personnes âgées montrent que le véritable chalenge se situe à principalement (il le sera d’ailleurs toujours) au niveau du désir et de la vocation à s’occuper des aînées et d’en prendre soin.
Subventions et salaire à la hausse
Pour répondre à la problématique des conditions de travail des salariés des centres d’hébergement pour personnes âgées, le gouvernement du Québec a pris des mesures. La première est l’ambition de revoir à la hausse les salaires préposés aux bénéficiaires nouvellement formées et envisage de leur offrir un salaire de près de 49 000$. Il est vrai que cela va entrainer des discussions avec les syndicats et des blocages de divers ordres peuvent apparaitre mais l’idée même de vouloir valoriser le travail des personnes qui s’occupent des personnes âgées est déjà en soin une initiative appréciable. Une seconde qui s’inscrit dans le même sillage que la première est la bonification salariale de 4$ de l'heure dont bénéficie déjà les employés des centres d’hébergement depuis déjà quelques mois et qui est remboursée pour l’instant entièrement par le gouvernement. Ces deux mesures assurent aux travailleurs un revenus décents en espérant que le travail soit fait avec plus d’enthousiasme et de professionnalisme. En outre, la grande majorité des dépenses reliés au respect des mesures barrières de Covid 19 par ces centres et en vue de s'adapter à de nouvelles conditions est remboursée. Encore qu’en fonction des milieux, le niveau des dépenses peut varier de beaucoup. Mentionnons aussi le montant de 60 000$ de la part du gouvernement fédéral pour aider les entreprises et donc les résidences pour personnes âgées à conserver la qualité des soins aux résidents et à mettre en place tout le nécessaire pour le respect des mesures sanitaires. Ce montant est présenté comme un prêt-subvention car 40 000$ représente la portion prêt tandis que 20 000$ représente la portion subvention en cas de respect des délais de remboursement. Cependant, si les salaires restent à 40 000 $ pour un préposé juste sorti de l’école, si la subvention salariale venait à prendre fin, les charges du propriétaire du centre d’hébergement pourraient grimper sérieusement. Les marges de profit seraient peut-être revues à la baisse. Il faudra probablement réfléchir sur les mesures à prendre afin d’atténuer un tel effet délétère. Le contexte du Corona virus va -t-il entrainer une plus grande intervention de l’état et un contrôle pus strict des conditions dans lesquelles les maisons pour personnes âgées sont gérées et administrées? Il faut dire que l’exploitation d’une résidence pour personnes âgées est aussi influencée par la réglementation. En effet, bien avant la pandémie de covid 19, le gouvernement provincial a instauré en 2007 un système de certification des résidences, qui a été resserré depuis mars 2013 pour enrayer les abus ou négligences soulevés justement dans les médias. Il y a donc davantage de règles auxquelles il faut se soumettre et leur respect est primordial. Les scandales d’il y a quelques mois viennent que ces règles ne suffisaient pas. D’ailleurs, on a constaté depuis quelque mois, que les personnes impliquées dans l’administration et la gestion de ces centres ont senti l’obligation d’être plus présentes et plus regardantes quant au respect aux normes et règles applicables à ces centres.
Les chiffres sur le potentiel de l’investissement dans les centres d’hébergement
Compte tenu de l’environnement actuel, de la pression réglementaire que subissent les propriétaires et des conditions de travail qui pourraient engendrer des dépenses supplémentaires, faut-il craindre le découragement de la part de potentiels investisseurs dans le domaine du centre d’hébergement pour personnes âgées ?
Nous avons déjà mentionné ci-dessus tous les moyens supplémentaires fournis aux propriétaires de centre d’hébergement pour personnes âgées. Mais pour mieux répondre à la question de l’opportunité d’investir dans les centres d’hébergement, il convient de jeter un coup d’œil sur les chiffres et les projections du point de la vue de la demande et de l’offre en termes d’hébergement des personnes âgées dans les années à venir. À cet effet, dans une étude récente de la SCHL, il a été établi que la principale clientèle des résidences pour personnes âgées de plus de 75 ans est en nette augmentation, soit environ 2.7% (étude SCHL). En outre, la portion de la population concernée continuera de croître durant les prochaines années selon un rapport de l’Institut de la Statistique du Québec. Dans l’ensemble, en termes de mise en marché, selon les chiffres fournis par la SCHL, le taux d’inoccupation dans les résidences pour personne âgées à Laval par exemple s’élevait à 3,2% en 2019 et à 4,6% dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Des chiffres bien en dessous de la moyenne d’inoccupation au niveau provincial qui se hisse à 7%. Ce qui constitue plutôt des chiffres encourageants. Il ressort du rapport JLR de 2020 qu’environ 60 000 places supplémentaires devront être construites au cours des 10 prochaines années afin de combler les attentes. En outre, 29,7% de personnes âgées de 85 ans et plus habitent dans les résidences pour personnes âgées au Québec. Le rapport rappelle aussi que si les résidences de petites tailles sont en grand nombre, celles de plus de 100 chambres, et donc de grandes tailles constituent une large part du marché et représentent environ 71% des unités. De plus, de nombreux autres projets sont en cours dans ce sens pour les années qui viennent. Combler la demande présente et future en termes d’unité constitue donc un véritable défi.
Un enjeu purement humain et vocationnel
Peu importe le bout par lequel, on envisage la problématique de l’hébergement des personnes, il nous semble que le seul élément qui prime est que tant les investisseurs que les travailleurs devraient se sentir porter par le désir et la vocation de prendre soin des personnes aînées. En effet, si dans le monde des affaires, la première règle est le profit. Si les gens investissent énergie, temps et capital dans une affaire, c’est d’abord et principalement dans la mesure où ils envisagent d’en tirer un net avantage. En soin, ce désir n’est pas problématique. Cependant, les constats faits durant la Covid 19 ou plutôt que nous avons enfin accepter de voir (car les conditions déficientes dans de nombreuses maisons pour personnes âgées existaient déjà depuis bien longtemps) nous montrent à suffisance que l’exploitation d’un centre pour personnes âgées ne saurait se réduire à la recherche du profit. Bien que cette logique purement mercantile reste encore dominante et encrée dans les mentalités de ceux qui investissent notamment lorsque plusieurs millions de dollars sont en jeu, il est clair que la nature, la fragilité et les besoins des personnes impliquées exigent une approche totalement différente. Il est vrai qu’au milieu de tout ce que nous faisons, il y a toujours des êtres humains, mais certains métiers exigent une plus grande attention et une plus grande responsabilité. L’exploitation des maisons pour personnes âgées en fait partie. Les chiffres montrent que la demande pour ce type d’affaire ira en grandissant dans nombre de villes au Québec. La capacité de payer des personnes âgées est dans une très large mesure garantie. La possibilité d’augmentation des coûts en fonction de l’inflation ou des charges semble elle aussi tout à fait possible. Que ce soit pour ceux qui paient des loyers bas, medium ou élevés. Les marges sont donc réelles qu’ils s’agissent des petits centres de moins de 50 personnes ou de ceux qui se situent entre 51 et une centaine ou des centres qui possèdent de nombreux établissements. Le véritable enjeu pour éviter donc de se retrouver dans des scandales tels qu’on les a vécus il y a quelques mois est d’inventer le moyen de mettre la dignité et l’amour des personnes au centre de la gestion des maisons pour personnes âgées. À ce titre, nous pensons qu’il n’y a pas de recettes miracles. En fait, chaque centre devrait à son niveau mettre en place des outils, des mécanismes, du personnel dédiés et dévoués à la personne âgée. Au-delà des chiffres, des profits, des salaires ou des gains, les personnes qui s’investissent ou qui décident de travailler dans ce secteur devraient ressentir en elles, la passion profonde de se dévouer aux personnes âgées. D’ailleurs, même dans les maisons d’hébergement de luxe pour personnes âgées, nous avons pu entendre des témoignages scandaleux, des comportements et des décisions inacceptables ou une administration en partie défaillante ou absente. Malheureusement, la vocation ne se paie pas, elle n’a pas de valeur monétaire bien qu’il n’ait rien d’inconvenant à se faire adéquatement rémunérer pour le service que l’on rend chaleureusement.
Et vous ? Que pensez-vous des résidences pour personnes âgées ? Comment envisagez-vous la situation post-Covid étant entendu que la demande et les profits sont réels ? Que faut-il faire de plus afin que les personnes âgées ne se retrouvent plus maltraitées ?